La Commission
européenne représente l’organe moteur de la Communauté en ce sens qu’elle
dispose d’un droit d’initiative en matière de réglementation communautaire et
qu’elle est également chargée à la fois de l’exécution des décisions
communautaires et de la bonne application du droit communautaire.
A.
PRESENTATION DE LA COMMISSION
La Commission
a son siège principal à Bruxelles. Elle est composée de 27 membres, nommés pour
une durée de cinq ans et compte un seul commissaire par Etat membre. Elle
dispose également de Directions Générales.
Le président et les autres membres de la
Commission
Le Parlement
européen doit émettre un vote d’approbation sur le président et les membres de
la Commission qui ont été désignés. Si le Parlement ne vote pas à la majorité
des membres qui le composent en faveur du Président de la Commission, le
Conseil européen propose un nouveau candidat dans le délai d’un mois.
Il appartient
donc au Conseil européen, de désigner le président, « en tenant compte des
élections au Parlement européen ». Il procède également, d’un commun
accord avec le président désigné, aux choix des autres membres de la
Commission. Le Parlement européen émet toujours un vote d’approbation du
collège.
Afin de
renforcer la position du président de la Commission, le traité d’Amsterdam a
prévu que le Parlement européen dispose d’un pouvoir d’investiture (par son
vote d’approbation) séparé du président de la Commission et de la Commission
elle-même.
Le traité de
Nice accroît davantage les pouvoirs du président en lui permettant de décider
de la répartition des portefeuilles, même en cours de mandat. Il peut aussi
demander à un commissaire de démissionner.
Toutefois, le
rôle du président ne saurait assimilé à celui d’un chef de gouvernement.
Les membres
de la Commission sont normalement choisis en considération de leur compétence
et de leur indépendance.
En effet, ils
exercent leurs fonctions en pleine indépendance et dans l’intérêt général de la
Communauté. Ainsi, cette indépendance doit tout d’abord être observée à l’égard
des gouvernements des Etats membres. Ces derniers doivent eux-mêmes respecter
l’indépendance des membres de la Commission. Ces derniers ne sont pas les
représentants de leur pays : ils ne rendent des comptes qu’au Parlement
européen.
En outre, les
membres de la Commission ne peuvent exercer aucune autre activité professionnelle,
rémunérée ou non, pendant la durée de leurs fonctions. Ils ne peuvent non plus
exercer aucun mandat d’élu, même pas au niveau local. Ils doivent ainsi veiller
à tout conflit éventuel d’intérêt, quand bien même leur activité serait
purement honorifique. Ils sont également tenus de déclarer leurs divers
intérêts financiers ainsi que les activités professionnelles et les intérêts
financiers de leur conjoint. Aucun cadeau d’une valeur supérieure à 150 euros
ne peut être accepté par les membres de la Commission.
L’immunité
diplomatique des fonctionnaires de la Commission est limitée aux actes
accomplis dans le cadre de leur fonction.
Toute
violation de ces obligations est susceptible d’être sanctionnée par la C.J.C.E.
Sur le plan
politique, la C.J.C.E a décidé que les membres de la Commission sont
collectivement responsables de l’ensemble des décisions qu’ils arrêtent dans la
mesure où la Commission fonctionne collégialement.
Les Directions Générales
La Commission
est composée de 23 directions générales, appelées « DG ». Leurs
compétences se répartissent comme telles : l’agriculture et le
développement rural ; l’emploi, les affaires sociales et inclusion ;
l’énergie ;la politique régionale ;l’environnement ;le
commerce ;affaires économiques et monétaires et euro ; affaires
maritimes et pêche…
Chacune de
ces DG se trouve placée sous la direction d’un directeur général et rattachée à
un Commissaire européen, ce dernier étant assisté d’un Cabinet.
Les modalités de fonctionnement de la
Commission
La Commission
européenne comprend plus de 25 000 agents. Elle est composée de fonctionnaires
occupant des emplois permanents et d’agents contractuels pour ce qui concerne
notamment les emplois temporaires.
En général,
la Commission se réunit une fois par semaine. Le président de la Commission
dirige ces réunions périodiques mais il peut également décider de réunir la
Commission chaque fois qu’il le juge utile.
La Commission
se prononce à la majorité des membres.
En pratique,
au lieu de procéder à de trop nombreuses réunions, les membres de la Commission
reçoivent communication d’un projet sur lequel ils doivent se prononcer. Si
aucune objection n’est formulée, le projet est adopté.
B.
LES POUVOIRS DE LA COMMISSION
Trois
catégories de pouvoirs sont attribués à la Commission européenne : un
pouvoir d’initiative, des pouvoirs de décision et d’exécution et un pouvoir de
contrôle de la bonne application des traités.
1.Le pouvoir
d’initiative
La Commission
dispose d’un pouvoir général de proposition lui permettant de diriger les
réflexions concernant la future réglementation communautaire. Elle fixe
elle-même le contenu de ses propositions.
Mais le
Conseil et le Parlement européen peuvent demander à la Commission qu’elle se
saisisse d’une question afin qu’une étude ou une proposition soit faite dans un
domaine particulier.
En matière de
politique monétaire, le droit d’initiative de la Commission est partagé avec la
Banque centrale européenne et les Etats membres. Pour la Politique étrangère et
de sécurité commune et de l’espace de sécurité et de justice, le droit
d’initiative est partagé avec les Etats membres.
Depuis le
Traité de Lisbonne, il existe un droit d’initiative citoyenne. Ainsi, « Des
citoyens, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre
significatif d’Etats membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la
Commission européenne… à soumettre une proposition appropriée sur des questions
pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est
nécessaire aux fins de l’application des traités ».
Le traité
prévoit également que la Commission formule aussi des recommandations ou des
avis sur les matières entrant dans le champ d’application du traité.
2.Les pouvoirs
de décision et d’exécution
Le traité
précise que la Commission dispose d’un pouvoir de décision propre et qu’elle
participe à la formation des actes du Conseil et du Parlement européen. Aussi,
il est prévu que le Conseil et la Commission procèdent à des consultations
réciproques et qu’ils organisent les modalités de leur collaboration.
Elle exerce
également les compétences que le Conseil lui confère pour l’exécution des
règles qu’il établit. Cette compétence d’exécution s’accomplit ainsi bien
souvent avec l’assistance de comités composés de fonctionnaires des Etats
membres, ce qui réduit dans le même temps l’autonomie de la Commission.
La Commission
participe à la procédure budgétaire. Elle perçoit les recettes du budget de
l’Union européenne, établit le bilan de l’année écoulée afin de le transmettre
au Conseil et au Parlement européen, participe à l’élaboration d’un projet de
budget et exécute ce dernier sous sa propre responsabilité.
Elle gère
également les fonds structurels, qu’il s’agisse du Fonds social européen (FSE),
du Fonds de cohésion (qui permet de financer les réseaux transeuropéens de
transport), du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), du
Fonds européen agricole de garantie (FEAGA, qui finance les paiements aux
agriculteurs et permettent la régulations des marchés agricoles), du Fonds
européen de développement régional (FEDER) et du Fonds européen de
développement (FED qui permet la coopération avec les pays ACP : Afrique,
Caraïbes, Pacifique).
La Commission
gère également le Fonds européen d’ajustement à la mondialisation (FEM), qui
apporte une aide individuelle aux salariés qui subissent les conséquences de la
mondialisation par la perte de leur emploi.
En outre, la
Commission, ou le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et
la politique de sécurité dans le cadre de ses attributions, est chargée de
négocier les accords entre la communauté et les pays tiers. De même, à
l’exception de la PESC, elle assure les relations de la Communauté avec les
organisations internationales, notamment avec l’ONU et l’Organisation mondiale
du commerce (OMC).
Chaque année,
la Commission publie un rapport général sur l’activité de la Communauté.
3.La
Commission en qualité de « gardienne des traités »
Le traité
prévoit que la Commission veille à la bonne application de ce dernier et des
dispositions prises par les différentes institutions. Elle est considérée comme
la « gardienne des traités » et de l’intérêt général de la
Communauté : on qualifie ainsi la Commission d’organe
« supranational ». Dès lors, elle garantit une application uniforme
des traités et des décisions communautaires.
Ce contrôle
s’exerce tant à l’égard des Etats que des institutions et des particuliers.
Elle peut ainsi demander toute information utile à son contrôle auprès des
Etats membres et des entreprises.
Elle est
habilitée à prendre des sanctions à l’encontre des entreprises ne respectant
pas les dispositions communautaires, par exemple en leur infligeant des amendes
ou en annulant des accords entre entreprises qui seraient contraires aux règles
de la concurrence. Elle agit d’elle même ou à la suite de plaintes.
Enfin, la
Commission peut saisir la Cour de justice en cas de manquement d’un Etat membre
à ses obligations communautaires.
La Commission
surveille également la situation budgétaire et le montant de la dette publique
des Etats membres. Si elle constate un déficit public dépassant 3% du PIB,
fixée pas le Pacte de Stabilité, la Commission lance contre cet Etat une
procédure d’infraction. Le Conseil ne peut s’écarter de la position de la Commission
qu’en statuant à l’unanimité. Des sanctions financières sont alors prévues,
notamment des dépôts d’argent sur des comptes bloqués.
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