Le récent triomphe électoral de Mme MERKEL
ne changera en rien sa politique européenne. Au contraire, cette victoire lui
permet d’espérer que l’Allemagne continuera à être un modèle pour les autres
Etats européens. Et ce n’est pas l’opposition allemande qui lui demandera de
changer sa position puisqu’elle sait, au contraire, la conforter. Et, comme le
fait remarquer la presse en ce moment, les divergences de position sur les
politiques à conduire en matière économique et budgétaire entre l’Allemagne et
la France ne sont pas illusoires. Bien plus, l’idée de l’Allemagne de créer un
budget propre aux pays de l’Euro qui permettrait de financer, moyennant
contreparties, des réformes au sein des Etats européens selon le modèle d’outre-Rhin,
à commencer par la France, fait son chemin.
Mais les choses vont encore plus loin. En
effet, l’Allemagne, dont la puissance économique n’est pas à prouver, se
détourne même, lentement mais sûrement, de l’Europe pour s’ouvrir plus
favorablement à l’Asie et aux Etats-Unis. Ainsi, l’Allemagne, moteur historique
de l’Europe, fixant ses priorités hors de l’Europe, risque de fragiliser un peu
plus l’Union européenne. Même si la France reste le premier partenaire
commercial de l’Allemagne, de nombreuses entreprises allemandes connaissent
actuellement une belle croissance aux Etats-Unis et en Asie, au détriment des
autres pays européens, notamment du sud. Et ces pays savent parfaitement les
attirer, par exemple avec des législations plus favorables. C’est le cas de la mythique
marque Volkswagen en Chine.
Le risque majeur de tout cela : c’est
le retour aux solutions exclusivement nationales. Il ne s’agit pas de faire de
procès d’intention à l’Allemagne, ce qui serait déplacé, stérile et sans
fondement. Au contraire, réjouissons-nous d’avoir un tel partenaire à nos
côtés, encore enclin à continuer de construire l’Union européenne.
Mais le repli national reste une tentation,
tant pour les uns que pour les autres, pour les pays moteurs comme pour ceux
qui connaissent une période longuement délicate. Pourtant, ces solutions
exclusivement nationales sont les « pires ».
L’histoire l’a démontré. Elles sont égoïstes, au profit d’une élite bien
minoritaire, juste soucieuse de prendre le pouvoir, malgré les apparences et
un discours fait de raccourcis et facile à écouter, et surtout de le
conserver ! Quelles que soient ces propositions, de droite ou de gauche,
pour reprendre un clivage bien connu, elles sont par définition réductrices,
fortement quadrillées, donc exclusives, appartenant à des schémas passéistes.
Les solutions uniquement nationales
ignorent les projets novateurs, ceux qui émaneraient d’une Europe sans cesse
plus neuve et constructive, purgée elle-même de ses propres errements ; au
contraire, leurs auteurs se servent allègrement des peuples pour le dominer et
le manipuler, par l’illusion, la frustration et la colère.
Une fois de plus, la solution vient du
citoyen lui-même qui, les yeux ouverts, repoussera ces solutions exclusives et
s’ouvrira aux propositions novatrices, inclusives, nécessairement européennes
dans le cadre d’une mondialisation sans retour en arrière possible, et c’est
heureux, Le citoyen détient la clé du changement, représentant la seule force
de proposition crédible. Toute construction n’est viable que si la fondation
est solide…