Loin des discours populistes
et électoralistes, et avant de s’engager dans les débats, par ailleurs
indispensables, lire E. MORIN, cette fois associé à M. CERUTI, permet de
prendre le recul nécessaire pour apprécier les enjeux des prochaines élections
européennes.
Le titre du livre, « Notre
Europe, décomposition ou métamorphose » est déjà une invitation à
prendre conscience de notre rôle et de notre responsabilité, à nous, Citoyens
européens, dans la construction de l’Europe, telle que nous la souhaitons et
non comme on voudrait nous l’imposer.
Cet ouvrage montre à la fois
à quel point l’Etat représente un espace sécurisant et communautaire entraînant
par ailleurs une uniformisation, parfois par la voie d’une purification
religieuse et ethnique, et une sacralisation des frontières. Et « ce qui favorise… l’unité interne de l’Etat
national l’amène à se heurter aux autres Etats ». Au contraire, l’Union
européenne « n’abolit pas les
frontières, elle les réinterprète et les dédramatise ». De fait, elle
valorise les diversités ethniques, linguistiques, culturelles et religieuses.
Il est aussi intéressant de
relever, avec ces auteurs, que les Etats sont aussi réticents à déléguer une
partie de leur souveraineté à l’Union européenne qu’ils le sont à l’égard des
collectivités territoriales. Ce constat doit nous faire réfléchir sur la place
qui doit être attribuée à l’Etat, et par aussi à constater que « les nations européennes ne seront pas pour
autant dissoutes si elles délèguent leur souveraineté pour les problèmes
communs et globaux. Au contraire, elles se mettront à l’abri des ambitions
nationalistes qui ont souvent été, pour elles, une cause de ruine ».
Ils rappellent ainsi que l’Union
européenne constitue désormais un espace de paix, ce qui évidemment contraste
avec toutes les guerres qui ont jalonné l’histoire de l’Europe ainsi qu’avec une
époque encore récente.
Mais les auteurs rappellent
aussi que l’Europe traverse plusieurs crises et qu’elle est devenue une
Province du monde. Par conséquent, elle a besoin d’une défense, d’une
relance et d’une réinvention de son modèle économique, civil et politique, mais
aussi d’un nouveau pacte social, d’une politique énergétique et fiscale. C’est
notre communauté de destin, si chère à Edgar MORIN.
« On
n’a encore jamais vu dans l’histoire se créer une conscience ou le sentiment d’un
destin commun à partir de l’avenir, de ce qui n’a pas encore eu lieu…les
divisions et conflits qui sont à l’origine de ses diversités (de l’identité
européenne) sont devenus eux-mêmes constitutifs
de cette identité ». Notre communauté de destin se construit par rapport
à notre avenir, qui nous l’impose.
Tels sont les enjeux des
prochaines élections européennes. Alors ne nous trompons pas de débats et ne
nous méprenons pas sur les discours en tous genres. Soyons vigilants et
cherchons où se trouve le véritable intérêt du citoyen. Et mobilisons-nous !